Introduction
La biodiversité (ensemble des formes du vivant que l’on peut observer sur la planète) est classiquement définie comme pouvant être observée à 3 échelles : l’écosystème, contenant plusieurs espèces, contenant plusieurs individus.

L’espèce semble donc être un groupe d’individus facile à définir… mais est-ce vraiment le cas ? Comment identifier de bons critères permettant de dire de manière certaine que deux individus appartiennent (ou pas) à la même espèce ?
A la recherche de critères pour définir l’espèce
Commençons par des évidences : en observant les deux photos suivantes, tout le monde sera d’accord pour dire que la première regroupe des chats (espèce Felis silvestris catus) et la seconde des êtres humains (espèce Homo sapiens). En effet, malgré des variations interindividuelles (polymorphismes permettant d’identifier et de différencier les individus entre eux) les individus de chaque photographie partagent de nombreux caractères spécifiques en commun qui permettent d’identifier rapidement l’espèce à laquelle ils appartiennent.


Un premier critère permettant de savoir si deux êtres vivants sont de la même espèce ou pas semble donc être :
1️⃣ Les deux individus se ressemblent ils ?
Cependant, cette première définition simpliste ne résiste pas à quelques exemples supplémentaires :

Ici, les différentes « punaises » se ressemblent autant entre elles que les chats précédents se ressemblaient entre eux. Elles sont pourtant d’espèces différentes !

Ici, les différentes fourmis ne se ressemblent pas tant que ça. Elles appartiennent pourtant à la même espèce.
Il est donc nécessaire de compléter la définition précédente par un second critère, permettant de mieux discriminer les individus étant de la même espèce ou pas.
Prenons dans un premier temps le chat et le chien, que l’on assume être d’espèces différentes. On observe qu’ils ne peuvent pas se reproduire entre eux.

Au contraire, on remarque que deux individus que l’on sait être de la même espèce (comme l’âne et l’ânesse, ou l’étalon et la jument) sont eux capables d’engendrer de la descendance fertile.

On peut ainsi compléter la définition. Deux individus sont de la même espèce si :
1️⃣ Ils se ressemblent
2️⃣ Ils peuvent se reproduire entre eux
Testons cette nouvelle définition. Assumons que le cheval et l’ânesse sont d’espèces différentes. Ils se ressemblent un peu. Etant d’espèces différentes, ils ne devraient pas pouvoir se reproduire entre eux. Hors… ils en sont capables. On obtient un bardot (ou une mule suivant le sexe des parents). On appelle ces individus des hybrides. Les hybrides sont stériles : ils ne peuvent pas avoir d’enfants à leur tour.

Ainsi, on peut compléter notre définition. 2 individus sont de la même espèce si :
1️⃣ Ils se ressemblent
2️⃣ Ils peuvent se reproduire entre eux
3️⃣ Leur descendance est fertile (= leurs petits peuvent également se reproduire)
Testons notre définition de l’espèce
Le canard et la canne

1️⃣ Ils se ressemblent :
✅ validé
2️⃣ Ils peuvent se reproduire entre eux :
✅ validé
3️⃣ Leur descendance est fertile :
✅ validé
Conclusion : Le canard et la canne valident les 3 critères. Ils sont bien de la même espèce.
Le lion et la tigresse

1️⃣ Ils se ressemblent :
✅ validé
2️⃣ Ils peuvent se reproduire entre eux :
✅ validé
3️⃣ Leur descendance est fertile :
❌ non validé
Conclusion : Le lion et la tigresse ne valident pas les 3 critères. Ils appartiennent à des espèces différentes.
Le zèbre et la jument

1️⃣ Ils se ressemblent :
✅ validé
2️⃣ Ils peuvent se reproduire entre eux :
✅ validé
3️⃣ Leur descendance est fertile :
❌ non validé
Conclusion : Le zèbre et la jument ne valident pas les 3 critères. Ils appartiennent à des espèces différentes.
Le grizzly et l’ours polaire

1️⃣ Ils se ressemblent :
✅ validé
2️⃣ Ils peuvent se reproduire entre eux :
✅ validé
3️⃣ Leur descendance est fertile :
✅ validé
Conclusion surprenante ! On pourrait en dire deux choses :
- Soit notre définition est correcte le grizzly et l’ours polaire sont de la même espèce.
- Soit notre définition est incorrecte (il s’agit alors ici d’un cas particulier), et le grizzly et l’ours polaire sont d’espèces différentes.
En réalité, cela traduit la difficulté à mettre une définition humaine, dont l’on souhaiterait qu’elle fonctionne à chaque fois, sur un concept naturel.
Pas une, mais plusieurs définitions scientifiques de l’espèce
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